[Temps de lecture: 5 min]
« Apprendre c’est simple, il suffit de relire ton cours 2-3 fois et de le réciter les yeux fermés »
Alors oui, mais non !
Depuis quelques années maintenant, des recherches en neurosciences s’intéressent à la question de l’apprentissage et elles ont pu en tirer quelques stratégies à mettre en place que je vous présenterai tout au long de cette série d’articles.
- Comprendre ce que l’on veut apprendre.
Dis comme ça, ça parait logique, mais combien de fois nous sommes-nous retrouvés dans une situation où nous nous acharnions à apprendre un concept que nous n’avions pas compris ?
Ce faisant, l’apprentissage devient laborieux et ne persiste pas dans le temps : beaucoup d’efforts, peu de résultats !
Comment être sûr d’avoir compris ?
Premièrement, posez-vous ces deux questions : pourquoi et comment ?
Si sur le sujet que vous essayez d’apprendre vous êtes capable de répondre à : pourquoi cela fonctionne de cette manière et comment cela fonctionne, félicitations, vous avez compris votre sujet !
Exemple, vous essayez d’apprendre l’histoire de l’Empire Romain et notamment la chute de l’Empire Romain :
Pourquoi cette chute a-t-elle pu arriver ? Système budgétaire trop faible, corruption, menaces extérieures…
Comment cela s’est-il passé exactement ? Ici, on reprendra les grandes dates et les événements conduisant à cette chute.
Deuxièmement, ranger votre cours et essayer d’expliquer votre leçon à un(e) ami(e) qui travaille avec vous, ou alors à vous-même en vous parlant à voix haute.
C’est ici que vous allez pouvoir évaluer votre niveau de compréhension du sujet ainsi que ce qu’il vous reste en mémoire lorsque vous n’avez pas votre leçon sous les yeux.
Ensuite, reprenez votre leçon et vérifiez ce que vous venez d’expliquer en prenant soin d’analyser précisément ce que vous avez correctement expliqué et retenu et ce qui a été plus difficile à expliquer et retenir.
En résumé : Pour apprendre il faut comprendre, pour comprendre il faut pouvoir l’expliquer, pour l’expliquer on doit se poser les questions : pourquoi et comment, être capable d’expliquer le sujet sans l’aide de notre leçon et enfin on vérifie que ce que l’on a compris est juste, puis on répète l’opération.
- Apprentissage massé versus apprentissage distribué
Un peu de théorie avant de commencer:
Apprendre c’est insérer une information dans notre mémoire et la conserver : c’est l’encodage.
L’encodage peut être de plus ou moins bonne qualité :
Beaucoup de facteurs influencent cette qualité comme la fatigue, le stress, les émotions, la compréhension de l’information, le sommeil, l’attention, etc.
Une fois l’information encodée, on veut l’utiliser, pour cela il va falloir aller la récupérer en mémoire : C’est la restitution.
Vous l’avez compris, plus l’encodage est de bonne qualité, plus la restitution est simple et de bonne qualité également.
Mais entre l’encodage et la restitution, il peut se passer pas mal de temps, c’est là qu’entre en jeu un autre processus : la consolidation.
Consolider une information ce serait un peu comme boucher les trous dans un mur pour être sûr qu’il ne s’écroule pas.
Pour notre information c’est pareil, pour être sûr qu’elle ne s’écroule pas face aux vents de l’oubli, il faut la consolider:
Comment fait-on ?
Il faut revoir cette information régulièrement.
Si l’on croise un inconnu une seule fois dans notre vie, il est peu probable que l’on se souvienne de son prénom 10 ans plus tard, par contre si on le croise une dizaine de fois c’est une autre histoire.
Il faut également faire du lien entre les différentes informations que l’on a en mémoire.
Reprenons l’exemple de cet inconnu croisé il y a 10 ans, si nous l’avons croisé dans la rue en allant au travail, peu de chance pour nous de nous rappeler son prénom.
Sauf si pour nous cette journée avait quelque chose de spéciale, c’était notre premier jour de travail, nous avons eu une bonne nouvelle en nous levant ce matin-là, le prénom de cet inconnu est le même que celui de notre grand-père, etc.
Toutes ces informations nous permettraient plus facilement de retrouver son prénom, puisqu’elles seraient toutes connectées entre elles, donc en partant de n’importe laquelle de ces informations, nous pourrions arriver au prénom de cet inconnu.
Concrètement à quoi cela nous sert-il de savoir cela :
Vous voulez retenir le prénom d’une personne que vous venez de rencontrer, prenez le temps d’associer le plus d’informations possible avec son prénom, par exemple : Pauline, est pâtissière, pâtissière ça commence par un P comme Pauline, les pralines sont des sucreries qui commence par P également.
De là, en recroisant Pauline, si vous avez un doute sur son prénom vous pouvez la retrouver en partant de pâtissière ou de pralines ce qui augmente considérablement vos chances de vous souvenir de son prénom.
Revenons maintenant à nos apprentissages :
« Moi je préfère apprendre la veille au soir, comme ça, c’est plus frais dans ma tête »
Et…. C’est non !
Apprendre une tonne d’informations en un temps restreint, c’est ce qu’on appelle l’apprentissage massé et la science est formelle sur le sujet, ce n’est pas du tout la meilleure stratégie.
À l’opposé, on a l’apprentissage distribué, on va apprendre la même somme d’informations, mais en espaçant nos apprentissages dans le temps (par exemple une heure par semaine pendant 4 semaines).
Et c’est ce dernier qui est le plus efficace.
« Mouais… je ne suis pas convaincu, j’ai toujours appris au dernier moment et je n’ai pas eu de problème dans ma scolarité »
Alors oui, certaines personnes peuvent s’en sortir un moment en utilisant l’apprentissage massé, mais il y a deux problèmes avec cet apprentissage :
Le premier, c’est que ce qu’on apprend ne restera pas bien ancré dans notre mémoire à long terme: on sera capable de réciter notre cours le lendemain matin, mais une semaine après tout sera perdu (Ce qui est dommage quand on a passé 5 heures de notre vie à l’insérer de force dans notre cerveau !).
Le deuxième, c’est qu’il ne fait pas gagner de temps* et augmente le niveau de stress et de fatigue de notre organisme lors de la session d’apprentissage, ce qui impacte la qualité de l’encodage de l’information.
* l’information sera mieux stockée en mémoire si on y a consacré 1H tous les deux jours pendant 10 jours (soit 5H au total) plutôt que 5H d’un coup.
En conclusion, lorsque l’on veut apprendre il est préférable :
- De répartir les temps de révision en plusieurs séances, plutôt que de tout faire d’un coup ;
- De faire du lien entre ce que l’on veut apprendre et ce que l’on sait déjà ;
- De s’assurer d’avoir bien compris le sujet.