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« J’ai déjà essayé un psy, ça n’a servi à rien », voilà une phrase que j’entends souvent.

En tant que professionnel de la psychologie, une telle affirmation sonne à mes oreilles comme « j’ai essayé une paire de chaussure une fois, elle ne m’allait pas, depuis je ne mets plus de chaussure» ou « le travail, j’ai déjà essayé, ça n’a servi à rien ».

Vous me direz, toutes les chaussures ne sont pas à notre pointure et tous les emplois ne nous correspondent pas.

C’est exact ! Et il en est de même pour les psychologues, il est bon de ne pas juger une profession toute entière au regard d’une expérience unique.

Mais alors, qu’est-ce que qui fait qu’une thérapie fonctionne ou ne fonctionne pas ?

1/ La confiance :

Parfois, la relation de confiance avec le psychologue n’arrive pas à s’établir même après plusieurs séances. On ne se sent pas à l’aise en sa présence ou l’on n’a pas spécialement envie de lui parler, on peut même se sentir jugé (à tort ou à raison, peu importe, l’important c’est ce que l’on ressent).

Dans cette situation, aucun travail thérapeutique ne pourra être satisfaisant. En effet, il manque le premier ingrédient d’une thérapie réussie : la confiance.

Que faire dans ce cas :

Il faut en parler avec votre psychologue ! Tout processus de changement nous met face à des obstacles, des choses qui nous bloquent. Avant d’arrêter une thérapie, ou de changer de psychologue, il est important d’en discuter avec lui afin de s’assurer que vos doutes et vos blocages ne font pas partie du processus thérapeutique normal.

Puis 

Changer de psychologue : l’impossibilité d’établir la relation de confiance peut bloquer toute avancée thérapeutique.  Après plusieurs séances, il peut donc être important de consulter un autre psychologue si la relation de confiance n’arrive pas à s’établir correctement.

Dans ma pratique professionnelle, je serais le premier à proposer à mon patient d’aller voir un autre professionnel si cette impossibilité d’établir la relation de confiance bloque toute avancée thérapeutique.

 

2/ La méthode :

Le psychologue dans sa formation et sa pratique, choisit différents outils et différentes façons de travailler en fonction des courants de pensée auxquels il se réfère.

Afin que la thérapie fonctionne, il faut que cette méthode, ce courant de pensée, vous conviennent. Vous devez pouvoir l’adopter et vous l’approprier.

Si la méthode ne vous convient pas ou vous met mal à l’aise :

J’insiste, encore une fois, sur le fait que lorsque quelque chose vous gêne dans la thérapie, vous devez en parler avec votre psychologue et ce avant d’arrêter la thérapie ou de changer de psychologue. Avec votre coopération, il peut réajuster sa prise en charge.

Puis

Changer de psychologue : même si ce psychologue vous a été conseillé pour son professionnalisme ou la qualité de sa méthode, il se peut que cette approche ne vous convienne pas*. Il peut donc être normal et légitime de changer de psychologue.

 

*Exemple : vous vouliez régler un problème précis, dans votre quotidien, un stress intense qui vous empêche de prendre la parole lors des réunions de travail.
Vous n’êtes pas intéressé par l’idée d’un travail sur vous-même cherchant à comprendre l’origine de votre stress dans cette situation.
Vous préférez une approche qui se focalise sur la gestion de ce stress dans le présent plutôt qu’une approche qui se focalise sur l’origine de votre stress dans votre vie passé.
Même si les deux approches peuvent apporter de bons résultats l’une d’entre elles ne vous intéresse pas.


3/ Le moment :

Il y a des périodes dans nos vies où nous ne sommes pas en capacité de prendre le recul nécessaire sur ce que nous vivons. On a « la tête dans le guidon » et c’est bien après que l’on y voit plus clair.

Nous nous sommes tous fait cette réflexion : « c’était une connerie mais à l’époque je ne l’avais pas compris » ou quelque chose de cet ordre.

Si vous n’êtes pas disponible pour faire ce travail psychologique même si vous allez voir un psychologue dans cette période, il y a de grande chance que cela ne fonctionne pas.

Que faire dans ce cas :

Ne fermez pas définitivement la porte à un suivi thérapeutique.
Si vous avez fait la démarche d’aller voir un psychologue une fois, c’est bien que vous sentiez que quelque chose n’allait pas et que vous aviez besoin d’aide pour le résoudre. Si avec le temps cette problématique reste présente et que la souffrance reste forte voire s’intensifie, il sera nécessaire de retourner en consultation, avec le même psychologue ou un autre, c’est à vous de choisir.

 

NB : Avant de changer de professionnel, accordez-lui le bénéfice du doute, la thérapie n’est pas quelque chose d’instantanée, parfois les effets se font ressentir rapidement et à d’autres moments ils prennent plus de temps.

Quand je conseille dans cet article de changer de psychologue, je pars du principe que vous en avez parlé avec lui, que vous lui avez laissé la possibilité de réajuster sa prise en charge, de vous expliquer sa méthode afin que vous puissiez prendre une décision non pas sur un coup de tête mais en toute connaissance de cause.